Les salles de concerts du Valais poursuivent leur programmation musicale 24-25. Elles vous proposent un joli voyage entre différents styles musicaux, tout en vous offrant la possibilité d'écouter...
Sam Gruber © Kultur Wallis_Nadia Tarra
Récemment, j’ai entendu un philosophe qui s’exprimait dans les médias sur la thématique : « Comment parvient-on à une vie plus autodéterminée et pourquoi une vie autonome est une vie plus réussie ? » Ses propos me reviennent en mémoire alors que je quitte la demeure de Sam Gruber à St-Nicolas. Mais n’allons pas trop vite en besogne.
En général, les voyageurs qui traversent le village de St-Nicolas dans le haut-Valais se rendent immanquablement à Zermatt, la célèbre station touristique. Et il est impossible, pour celui qui passe par là, de ne pas apercevoir les halles industrielles Bosch construites aux pieds de ces majestueuses montagnes. De là sont envoyés dans le monde entier des outils de tronçonnage de précision. Mais qui sait qu’un musicien et ingénieur du son s’est installé sur les hauts de St-Nicolas, là où les montagnes perdent leur angoissante étroitesse, musicien qui incarne à lui seul la précision et l’ouverture au monde ?
Sam Gruber nous salue chaleureusement de la main et sourit lorsqu’il vient nous chercher en voiture à la gare de St-Nicolas. Il fait trop froid pour rester dehors, alors le musicien nous conduit jusqu’à son studio qu’il a installé dans l’ancienne menuiserie de son grand-père. En chemin, il nous parle de son hobby, le vélo. « Simplement aller de l’avant, c’est bien de ça qu’il s’agit n’est-ce pas, et pas que pour le vélo ? » dit-il. « «Qui reste sur place tombe. » Et déjà, Sam Gruber nous plonge au cœur de son propos et évoque son travail de musicien et d’ingénieur du son.
L’artiste est actif depuis déjà dix ans dans le domaine de la musique. Il connait le métier aussi bien du côté créatif que du côté technique et administratif. En effet, le chanteur, musicien et parolier jouit d’une solide formation comme ingénieur du son. Il a en poche un diplôme comme technicien du son, un Bachelor of Arts d’enregistrement et un Master of Arts dans le domaine des médias créatifs. « Je peux facilement combiner ces différentes formations et compétences dans mon travail » affirme Sam Gruber. Ses connaissances techniques lui facilitent grandement le travail artistique et vice et versa. Comme musicien, il sait exactement de quelles exigences techniques ses morceaux ont besoin.
Ses années de formation et d’exploration conduisent l'artiste à Zurich et à Munich. C’est d’ailleurs dans la capitale du Land de Bavière que Sam Gruber termine un apprentissage dans le studio Plan 1, studio qui possède un bureau auxiliaire à Berlin. Très vite, ses collaborateurs s'apperçoivent qu’ils veulent, après sa formation, engager le talentueux valaisan. Le musicien reste donc trois ans dans le sud de l’Allemagne. Et durant toute cette période, le jeune homme profite pleinement de l’environnement citadin qui l'entoure. Mais très vite, il comprend que le point central de sa vie privée et professionnelle se trouve en montagne, ce qui le ramène auprès de sa famille et de ses amis d'où il souhaite, pourtant, toujours partir à la découverte du monde. Il propose aux responsables du studio Plan 1 d’ouvrir une succursale à St-Nicolas, projet qu’ils s’empressent d’accepter. C’est ainsi que toute la coordination des enregistrements d’un film Disney s’est déroulée à St-Nicolas alors que le film, lui, a été réalisé à Munich. « La technique rend cela possible aujourd’hui » se réjouit Sam Gruber. « Tu peux librement choisir ton lieu de travail. Tous les partenaires d’un projet ne doivent plus se retrouver au même endroit. » De la même façon, le musicien collabore, pour la création de fichiers audio avec des producteurs de jeux vidéo. Les fichiers sont enregistrés à St-Nicolas puis rassemblés à Munich. Mais qu'on ne se trompe pas, l’entrepreneur, avec son savoir-faire, s’est aussi fait un nom auprès des sociétés locales.
Sam Gruber est définitivement un technicien. Mais, comme il le dit lui-même, il ne digitalise pas sa musique « à mort » pour autant. Il a plutôt le courage de laisser un peu de place à l’imperfection. « Quand on écoute les anciennes chansons de Bob Dylan, on se rend compte qu’elles sont loin d’être parfaites. Et c’est justement ça qui donne tout son charme à l’enregistrement » défend-il avec conviction. C’est ainsi que Sam Gruber « abandonne » ses chansons et évite, consciemment, de les enregistrer à répétition. Et ça marche ! Le succès est au rendez-vous, non seulement en Suisse, mais aussi en Allemagne et en Autriche. Sa chanson « Cinnamon & Honey » de son actuel album « A Decade Full of Songs » a été jouée plus de 200 fois sur les ondes radiophoniques italiennes, du nord jusqu’au sud du pays.
Avec son groupe, il en est déjà à sa deuxième tournée à travers la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche. Ses chansons interpellent les gens, quel que soit le pays d'où on les écoute. « Cela s’explique peut-être car je m’inspire toujours de ma propre expérience pour écrire mes chansons. C’est seulement en ayant soi-même vécu une situation qu’on peut en parler avec émotion » nous explique-t-il sans trop de doute. Il rajoute, souriant, qu’un musicien peut ainsi facilement se soigner soi-même. La musique est une excellente soupape de décompression.
Un célèbre musicien allemand stipule que les artistes suisses perdent leur créativité au détriment d’un sentiment de sécurité. Mais Sam Gruber n’est pas du tout du même avis. « J’en suis le contre-exemple parfait. » Pour garder sa créativité et l’esprit libre pour la musique, le jeune homme a besoin de la sécurité que lui procurent ses différentes activités : ingénieur du son au studio d’enregistrement, producteur dans l’agence artispool ou administrateur dans la pharmacie de son père. Indépendant et autonome, il construit son univers artistique et créatif sur ces différents piliers, une liberté qui résulte d’une fine et parfaite organisation. C'est en quittant les lieux qu'on se dit « qu'elle belle vie » et tout ça nous rappelle les propos d'un certain philosophe entendu dans les médias récemment.
Parution: novembre 2017
Texte: Nathalie Benelli
Photos: © Nadia Tarra
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