Les salles de concerts du Valais poursuivent leur programmation musicale 24-25. Elles vous proposent un joli voyage entre différents styles musicaux, tout en vous offrant la possibilité d'écouter...
C’est avec une certaine retenue que Jeannette Salzmann engage la conversation. Uniquement dans un premier temps, car il s’agit d’une qualité naturelle de la danseuse et non d’une faiblesse comme on pourrait le croire. En effet, elle attend que sa réflexion soit construite et que ses idées soient claires et précises avant de prendre la parole avec assurance. Ce tempérament, qui lui est propre depuis longtemps, est également caractéristique de son profil de professeure de danse. Elle met à disposition des danseurs du temps et de l’espace, afin qu’ils puissent en révéler quelque chose. Quand Jeannette Salzmann se produit sur scène, elle s'adapte avec une telle aisance qui devient une source d'inspiration inépuisable et qui favorise la création continue de nouveaux mouvements.
Quand on la regarde danser, on ne s’imagine d'ailleurs pas qu’elle a découvert cette passion relativement tard. Le Haut-Valais a désormais quelque chose à offrir en la matière aux passionnés de danse mais ce n’était pas le cas, il y a encore quelques décennies. Seuls des cours de gymnastique ou de jazz étaient alors proposés à l’époque. C’est en 1997 que les choses évoluent à Brigue-Glis avec la création de l’école et compagnie de danse Artichoc, fondée par trois pionnières de la danse. Jeannette Salzmann, Judith Bärenfaller et Carmen Pfammatter se sont alors fixées comme objectif d’introduire la danse contemporaine dans le Haut-Valais. Les férus de danse peuvent dorénavant choisir parmi un vaste choix, entre le hip-hop, la salsa, le ballet, le tango et d’autres styles encore. Cinq écoles se consacrent ainsi à une centaine d’élèves.
Personne ne doute du rôle moteur que joue Jeannette Salzmann dans le milieu de la danse dans le Haut-Valais, du moins ceux qui la connaissent de près. D'ailleurs, quand elle se persuade d’une chose, elle développe des forces insoupçonnées pour atteindre son objectif. Aucun effort n’est de trop, aucun obstacle ne semble insurmontable.
C’était déjà le cas quand elle a décidé de suivre la formation de danseuse à l’âge de 20 ans auprès de Bruno Verdi à Sion. « Les matins je travaillais comme laborantine en chimie à Lonza et je passais le reste de mes journées à m’entraîner ». Cette période était extrêmement épuisante confie Jeannette Salzmann. Souvent, elle rentrait tard le soir très épuisée et devait appeler sa mère pour venir la chercher à la gare et la ramener à la maison. Néanmoins, la danseuse garde un bon souvenir de cette époque et esquisse un sourire en y repensant.
Jeannette Salzmann jouit sans l'ombre d'un doute d'une technique assurée mais elle a également beaucoup appris avec Bruno Verdi, auprès de qui elle a assimilé les différentes facettes de cette discipline artistique, comme la réalisation d’une production.
Artichoc a rapidement rencontré le succès avec ses productions théâtrales mais Jeannette Salzmann savait qu’elle voulait être professeure de danse plutôt que danseuse scénique. Elle enseigne d’ailleurs depuis 18 ans sans relâche. Il y a deux ans, elle estime qu’il est temps de combler les lacunes dans le système de formation pour les arts de la danse.
Son talent et sa passion pour la danse, qui lui ont permis d’’en faire son métier, l’ont d’ailleurs contrainte à quitter sa région natale. La voie de la professionnalisation conduit au-delà des frontières linguistiques et géographiques. La filière Sport-Arts-Formation (S-A-F), proposée à Martigny, était une possibilité pour les étudiants de danse mais elle était uniquement donnée en français. Pour suivre une formation en langue allemande il fallait changer de canton. C’est pendant la réalisation de son travail de master à l’Université de Berne que Jeannette Salzmann prend conscience de ces difficultés et qu'elle réfléchit à la création d'un concept de formation consacré à la danse dans une école supérieure. Le directeur de l'Oberwalliser Mittelschule St-Ursula (OMS) à Brig-Glis, Olivier Mermod, l’a notamment soutenue dans ce projet. Les intéressés peuvent désormais se préparer à un examen d’entrée dans une haute école de danse reconnue dans la région. Pour devenir professionnel, il faut compter entre 12 et 14 heures d’entraînement par semaine, entre l’âge de 14 et 16 ans, admet Jeannette Salzmann.
En automne 2016, les apprentis danseurs et les étudiants sportifs de l’OMS, du collège et du cycle d’orientation pourront profiter pour la deuxième fois de la formation « Tanz Sprungbrett » proposée par l’école et ainsi acquérir les outils nécessaires dans la discipline.
Plusieurs talents ont déjà su profiter du savoir-faire de Jeannette Salzmann par le passée, notamment Michel Briand qui a bénéficié de cette formation pour créer à la SEAD Salzburg Experimental Academy of Dance à Salzbourg, considérée comme une école de première instance dans le domaine de la danse contemporaine. Jeannette Salzmann reste déterminée à motiver et à encourager les jeunes vers une carrière dans la danse.
Parution: mai 2016
Texte: Nathalie Benelli
Photos: © Valérie Giger
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