Les salles de concerts du Valais poursuivent leur programmation musicale 24-25. Elles vous proposent un joli voyage entre différents styles musicaux, tout en vous offrant la possibilité d'écouter...
On pourrait, à l’instar d’un célèbre personnage de bande-dessinée, dire qu’Isabelle Tabin-Darbellay est tombée dans l’univers de la peinture quand elle était petite. Née à Sion en 1947, l’artiste grandit suspendue aux pinceaux de sa mère et on lui montre les œuvres de ce grand-père qu’elle n’a pas connu, Georges Payer, peintre lui aussi. Puis, la famille rachète la maison d’Ernest Biéler à Savièse où Isabelle Tabin vit et nous accueille aujourd’hui.
Cette maison, qui comme l’artiste, resplendit de délicatesse et de bonheur, est peut-être le détonateur de la longue et belle carrière que suit Isabelle Tabin-Darbellay. Car en face de la bâtisse fraîchement acquise se trouve l’atelier du peintre Albert Chavaz. D’abord, elle pose comme modèle, mais très vite, il lui propose de devenir son élève. Ce jour-là, « la peinture est véritablement entrée dans ma vie ».
L’apprentissage se fait en silence et dans la rigueur. Le maître n’hésite pas à dire ses quatre vérités à son élève, à exiger constance et discipline. Elle l’avoue volontiers aujourd’hui, c’est ce niveau d’exigence qui lui a permis de devenir peintre à 25 ans après avoir obtenu une licence en lettres et enseigné un peu la littérature. Car si l’on veut exercer un tel métier, il faut être strict, « avoir une sale tronche » dit-elle en rigolant, peindre tous les jours et se discipliner soi-même, tant au niveau des horaires que de la pratique artistique.
Une sale tronche ? Bien au contraire. Isabelle Tabin-Darbellay nous charme par son sourire, ses propos si délicats et pertinents sur la matière, l’art et la nature qu’elle affectionne tout particulièrement. Elle se rend plusieurs fois par année en Italie, en Toscane, dans une petite masure dont elle tombe amoureuse et qu’elle rénove. Elle y trouve le calme et la solitude dont elle a fondamentalement besoin pour peindre. « La lumière est différente là-bas, plus épurée, plus limpide et m’offre des nuances de couleurs plus subtiles. »
Lumière, le mot est lancé, ce mot qui la caractérise, l’enchante, l’habite au point qu’elle en a toujours fait une quête profonde, essentielle, permanente. C’en est devenu son plus bel outil de travail. « Tout est peinture autour de moi. Ce n’est pas un village que je peins, mais des couleurs, le résultat d’un émerveillement. Un tableau, finalement, c’est une mise en lumière de ce que je vois. » Isabelle Tabin-Darbellay peint car elle aime ça, car le beau l’attire en permanence, comme un rayon de lumière attire son regard et caresse son visage rayonnant. « Messagère du beau », oui, elle veut qu’on la surnomme ainsi, elle veut bien, dans un monde encore et toujours en guerre, transmettre le beau, les couleurs et la lumière aux gens. C’est peut-être ce cadeau que Dieu lui a donné et qu’elle nous renvoie en peinture.
Mais à son avis, un artiste ne devrait jamais être totalement satisfait de ce qu’il fait, il ne devrait jamais arriver au sommet de son art. « Quand tu peins, si tu penses aux louanges et aux félicitations, t’es foutue. » lui confie un jour Albert Chavaz. Depuis, cette phrase, qu’elle garde en forme de talisman, guide sa carrière. Alors, comme la plupart des artistes, elle doute mais moins qu’avant, « c’est l’avantage de l’âge » nous confie-t-elle avec un large sourire.
La porte se referme et, en quittant Isabelle Tabin-Darbellay, nous avons l’agréable impression d’avoir voyagé. Elle, qui met du mouvement dans la plupart de ses tableaux car la vie n’est pas figée, nous révèle un peu plus au monde et à nous-même. N’avons-nous pas été, l’espace d’un instant, en présence d’un rayon de lumière ?
Isabelle Tabin-Darbellay
Rte de la Magine 1
CH - 1965 Savièse
Parution: août 2016
Texte: Sophie Michaud
Photos: © Valérie Giger
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