Les salles de concerts du Valais poursuivent leur programmation musicale 24-25. Elles vous proposent un joli voyage entre différents styles musicaux, tout en vous offrant la possibilité d'écouter...
© Culture Valais | Valerie Giger
Carina Pousaz dégage de la beauté. Son visage et son corps sont pour elle des champs d'expérimentation. Des instruments, dont elle sait exactement ce qu'elle peut faire. Et lorsqu'elle est elle-même, et qu'elle ne joue pas un rôle, son visage est animé par une douceur calme.
Carina Pousaz ne craint pas de se frotter à l'inconnu. Représenter les humains et les côtés les plus obscurs de leur personne ne la dérange pas. Au contraire. Mais elle joue en gardant à l'esprit, qu'à force de jouer l'éternel perdant, il peut être facile de s'y laisser aller. L'artiste est capable de bien mieux. Son incroyable capacité d'adaptation devient évidente, lorsque l'on découvre ses figures spectaculaires d'acrobate au tissu aérien. Elle s'en empare comme d'instinct. Totalement indépendamment du rôle qu'elle joue sur le moment.
"Sur scène, je peux prendre des libertés, que je n'ai pas dans la "vie normale"", nous dit Carina Pousaz. Imiter les gens, c'est ce que cette artiste du mouvement souhaitait faire déjà enfant. "Pour ma mère, ce n'était pas très agréable de voir sa fille imiter les gens dans la rue", confie-t-elle en riant. "Mais sur scène, je reçois des applaudissements pour cela même !".
Sa capacité à observer tout de près a dessiné sa voie professionnelle. Carina Pousaz se décide après la Handelmittelschule für Sportler und Künstler (école supérieure pour étudiants sportifs et artistes) pour une formation à la Suola Teatro Dimitri à Verscio (Tessin). "Mais je ne suis pas un clown", se hâte-t-elle de préciser. Pour réussir dans l'école du célèbre clown suisse, l'excellence est au centre. Pour des centaines de candidatures par année auprès de l'école tessinoises, douze étudiants au maximum sont sélectionnés. "Toutes les personnes qui démarrent la formation n'ont pas la chance d'aboutir au bachelor en théâtre du mouvement", souligne la viégeoise. Acrobatie, musique, comédie, chant et bien d'autres domaines des arts vivants sont enseignés là. "La formation est difficile. Physiquement et psychiquement, tout le monde doit se frotter à ses limites", remarque-t-elle en revenant sur cette période intense. Mais grâce à cette formation approfondie, Carina Pousaz développe tout ce qu'elle exprime sur scène, apparemment avec facilité et naturel.
Aussitôt après la formation, elle est engagée par la compagnie berlinoise "Company Banality Dreams", pour le spectacle masqué "Marietta chez les clowns" et pour la pièce "The Precision of Freedom". Elle connaît les sensations des tournées avec la compagnie internationale Zenzero, dont les spectacles l'ont amenée à jouer dans toute l'Europe. La troupe était exclusivement composée d'étudiants diplômés de la Scuola Teatri Dimitri. Un véritable feu d'artifice de situations absurdes, drôles, tragiques et comiques qu'ils évoquaient tour à tour sur scène.
Cette polyvalence, elle la développe dans les années qui suivent en tant qu'enseignante et chorégraphe. Elle travaille pour le Cirque Shanju à Ecublens, où elle enseigne l'acrobatie aérienne et l'improvisation théatrale. Elle crée également des numéros aériens pour la compagnie Shanju. En 2013, avec Jennifer Skolovski et la compagnie Digestif, elle rencontre le succès avec la pièce "Abricotine, Cocaïne, Guillotine". Les deux artistes ne se gênent alors pas de critiquer ouvertement la société et l'autorité, dans ce spectacle.
Elle s'illustre également dans un projet de semaines de cirque pour les enfants dans le bois de Finges. "Nous apprenons aux enfants l'acrobatie, l'équitation, le mouvement et la danse. Et puis nous leur apprenons à réaliser des tours avec le cheval ou le chien", nous explique la jeune femme. Ses mimiques et gestuelles trahissent son enthousiasme pour ces activités. "Nous nous adressons à tous les sens des enfants et nous leur offrons d'expériementer la forêt et le monde animal de manière très ludique."
L'interprétation de Carina Pousaz, aux côtés de Regula Imboden, pour la pièce "Tal der Schurken" reste également mémorable pour le public. Dans cette confrontation avec le Valais et son histoire, rien ne reste immuable, tout est changement.
Tout est changement, également dans le parcours professionnel de la talentueuse artiste. Carina Pousaz est tout à fait consciente qu'elle exerce un métier très exigeant. Les performances physiques doivent être répétées, inlassablement. "L'acrobatie avec le tissu aérien est par exemple comparable à un sport de compétition. On ne peut pas imaginer le pratiquer jusqu'à 100 ans", nous dit-elle. L'artiste vit constamment dans l'incertitude de savoir combien de temps il pourra être sollicité sur ce marché. S'appuyer sur l'enseignement et sur un emploi dans le domaine de la santé sont donc des évidences pour elle. L'activité artistique reste sa priorité. "Les réactions du publi signifient tellement pour moi, je ne peux donc pas y renoncer", souligne-t-elle. De plus, son travail stimule réflexions et discussions. Carina Pousaz est convaincue que tout cela vaut la peine d'un engagement aussi intense.
Parution: octobre 2015
Texte: Nathalie Benelli
Photos: © Valérie Giger
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