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25. mars à 14:33

Publié par Culture Valais News

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Rapport d'activités 2022-2023Rapport d'activités 2022-2023

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Berclaz de Sierre

La peau de Johnny Depp

L’artiste est né deux fois, une première fois à Sierre en 1961 et une seconde fois en 1986 à Paris, lors d’un vernissage qui le met face à son homonyme. Depuis ce fameux 15 avril 1986, son nom d’artiste est Berclaz de Sierre, inspiré de son lieu d’origine comme Leonardo di ser Piero qui est né à Vinci. D’ailleurs, ils sont devenus amis : Berclaz de Sierre et Leonardo da Vinci. Rien à voir avec le célèbre peintre, ingénieur et inventeur florentin. C’est de son homonyme qu’il s’agit, que Berclaz de Sierre a cherché dans toute l’Italie, qu’il a finalement trouvé en Suisse et dont il a fait le portrait. Ce travail, « Les Equivoques » - photographies d’hommes et de femmes totalement anonymes ayant la même identité qu’une célébrité – nous indique tout d’abord que l’artiste ne manque pas d’humour. Peut-être essaie-t-il aussi de nous interroger sur cette notion, si chère au show business, qu’est la célébrité. En tous les cas, ces œuvres ont été exposées au Musée de l’Elysée à Lausanne, au Centre d’art contemporain à Genève, au Musée d’art de Sion ainsi qu’à Milan et Lisbonne. Et une intervention permanente se trouve dans la cour du Lycée collège de la Planta à Sion.

Un grand nombre de ses travaux traite des questions liées à l’identité. Il réalise par exemple« Personne – Niemand, 1903-2004 » entre 2004 et 2006, installation représentant des pierres tombales dont les défunts ont pour nom de famille Personne, Niemand ou encore Nobody. Avec « Triplex », exposition montrée en 2013 à la Ferme-Asile à Sion, l’artiste joue avec l’identité des meubles, couplant deux objets dont leurs noms, mis ensemble, rappellent une célébrité. Au final, le visiteur se retrouve au milieu d’un magnifique appartement avec un canapé Umberto et un plafonnier Eco, un parc en bois Thomas et une chaise Bernhard, un pyjama Woody et une parure de lit Allen. L’artiste possède plus de 600 de ces associations « personnages-meubles » sous forme de collage ; son dentiste et quelques amis font partie de sa collection personnelle.

« La pensée vient par le travail. Au fond, je ne calcule et ne planifie rien » nous explique-t-il posément. Je pense que l’idée te tombe dessus parce que tu es prêt. Quand on laisse venir les choses, elles viennent toutes seules. » Plus que l’artiste, c’est l’homme que je découvre au travers de ce portrait, un homme d’une grande modestie, aux propos profonds et sensibles et qui attache une grande importance aux mots. Alors il prend son temps, réfléchit avant de poursuivre l’échange et d’évoquer, ce qui finalement lui tient particulièrement à cœur en ce moment, sa rencontre avec Johnny Depp.

Ils ne se sont vus qu’une seule fois, en 2008, et pourtant ce fut un choc. Dix ans plus tard, Johnny Depp le bouscule encore, l’interroge et l’oblige à se remettre en question. « En le voyant, je me suis dit « Il faut que je sauve sa peau ! » Je n’ai justement que sauvé sa peau. Aujourd’hui, je le sauverais lui. » Johnny Depp est un taureau, un de ces taureaux qu’on utilise pour la récolte de sperme et qu’on abat au bout de 21 mois, une fois les 30'000 doses récoltées. Cet animal, excepté son nom plutôt original, est un taureau comme les autres qui vit dans un système particulier. Il révèle à l’artiste le monde dans lequel on vit, la place de l’animal dans notre société, notre rapport à la nourriture, les goulags de luxe pour taureaux, le travail de sélection réalisé par les hommes et les stratégies économiques qui en découlent.  

Alors, inlassablement, entre tous ses autres projets artistiques qui l’animent, Berclaz de Sierre récolte des informations sur Johnny Depp et sa descendance. Il en a fait une première exposition dans un mayen à Comogne en-dessous de Crans-Montana, une autre à Sion aux ateliers du Nord et il exposera bientôt au Château de Nègrepelisse en France. « Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre. Voir ce que ce taureau a pu vivre et engendrer. » Est-ce que l’art change le monde ? Non, il n’y croit pas, mais peut-être que l’art peut changer une vision du monde.

Celui qui a obtenu la Bourse de l’institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques à Paris en 1989, le Prix d’encouragement de l’Etat du Valais en 2006 et la Bourse pluriannuelle ArtPro en 2015 est incapable de ne rien faire. Et chaque nouveau projet prend des proportions toujours plus tentaculaires. « C’est un peu mon problème », nous avoue-t-il en riant, « il y a presque un processus obsessionnel dans mon travail. » Outre les prix, récompenses et bourses, c’est son sentiment de liberté et son attachement à l’indépendance qui lui permettent de réaliser toutes ces créations. Il précise : « Je ne suis pas plus libre qu’une autre personne. Je remarque seulement que la liberté, c’est toi qui te la crées. »

Je quitte un homme fondamentalement heureux, passionné et passionnant, qui n’a pas souhaité être pris en photo. « Pour quoi faire ? » Il préfère céder sa place à Johnny Depp. Berclaz de Sierre a sauvé la peau du taureau, que sa peau. Peut-être parviendra-t-il à donner un autre sens à la vie et mort de cet animal avec lequel il poursuit son projet de création.

www.johnnydepp.ch

Parution: octobre 2018
Texte: Sophie Michaud
Photos: © Berclaz de Sierre

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