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Le polar comme questionnement politique
Bastien Fournier a grandi à Branson, perché au-dessus de Fully. Sa jeunesse passée à contempler la vallée du Rhône, à regarder un urbanisme invraisemblable supplanter les vergers, inspire un bon nombre de descriptions de paysages de l'écrivain. Nous marchons quelques pas avec lui, au milieu des figuiers et des châtaigners jusqu'aux vignes, au pied de la réserve des Follatères. Bastien a toujours su qu'il voulait écrire, et s'adonne à ce qui deviendra son talent dès ses 16 ans. Il commence rapidement par le théâtre, qu'il considère être un registre plus accessible que le roman, car il permet les rencontres et l'échanges avec d'autres personnes. Il publie son premier ouvrage alors qu'il est encore étudiant. Depuis dix ans cette année, le rythme de ses publications demeure régulier.
Edité en Suisse et à l'étranger, l'auteur nous confie que son parcours est fait de rencontres. Sa démarche est spontanée, libre et il trouve le débouché à ses livres d'une fois qu'ils existent. Aujourd'hui, Bastien Fournier conjugue son métier d'enseignant au Collège de l'Abbaye de Saint-Maurice et d'écrivain de roman et de théâtre. La Suppliante, Un projet de création, avec sa compagne Marine Billon à la mise en scène, se concrétisera en 2016 au Théâtre les Halles à Sierre. En septembre dernier paraissait son premier roman policier L'Assassinat de Rudolf Schumacher aux éditions de l'Aire. Un ouvrage en lice pour le Prix LiLau, consacré au polar romand. Pour Bastien Fournier, le roman policier paraît le plus propre à interroger notre époque d'un point de vue social ou politique. Et comme ce qui le choque dans le débat politique, c'est sa violence, il a imaginé une action violente qui découlerait de celle exercée par telle majorité politique sur les plus faibles des habitants de notre pays.
Bastien Fournier, côté privé
De quoi êtes-vous fier ?
De mon fils.
Y a-t-il quelque chose qui reste incompréhensible pour vous ?
Pas mal de choses. Par exemple l'obstination des hommes à faire leur propre malheur. Ou l'infini en mathématique. J'ai du mal aussi avec le phénomène optique qu'on obtient quand on place deux miroirs l'un face à l'autre.
À quel luxe ne voudriez-vous pas renoncer ?
Le temps pour vaquer à ce qui importe vraiment.
Que seriez-vous devenu, si vous n'aviez pas pris la voie artistique ?
Impossible de répondre.
Que changeriez-vous, si vous pouviez tout reprendre à zéro ?
Je ne sais pas. Les circonstances seraient différentes et la réponse à leur donner le seraient aussi.
Comment décririez-vous le Valais ?
Je l'ai fait plusieurs fois dans mes livres. Je le décrirais comme un personnage littéraire.
Quelle page Internet consultez-vous le plus souvent ?
Ma messagerie.
Quel livre conseilleriez-vous ?
Il y en a tant. Le Journal d'une femme de chambre de Mirbeau, pour ne parler que du dernier que j'ai lu.
Que ferez-vous après avoir répondu à ces questions ?
Je travaillerai.
Quelle signification a l'argent pour vous ?
Il est un moyen pour parer aux besoins de l'existence. Il arrive qu'il perde ce statut de moyen pour devenir une valeur intrinsèque. C'est à mon avis une erreur.
Faites-vous davantage confiance à votre tête ou à vos tripes ?
La tête, c'est plutôt pour réfléchir, et les tripes pour les fonctions biologiques. Je fais confiance à l'une et aux autres pour ce qu'elles ont à faire. Plus sérieusement, je ne fais pas de différence fondamentale entre l'intelligence et l'émotion. Ce sont à mon avis les deux facettes d'une même sensibilité, une ouverture aux phénomènes de l'existence, aux événements et aux autres.
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
Je ne me vois pas. Mais je ne doute pas que je me trouverai quelque part.
Contact
info@bastienfournier.ch
Parution: octobre 2014
Texte: Marlène Mauris
Photos: © Céline Ribordy