Découvrez les artistes valaisan·ne·s qui seront présent·e·s à la Foire du Valais 2023 ...
Nous avons l'honneur de publier notre premier article de blog sur le thème "La culture contre le racisme", rédigé par William Bejedi. Le chanteur, danseur, chorégraphe et producteur de films valaisan présente son point de vue sur la manière dont la culture peut contrer le racisme.
©Brigitte Fässler
"En 1994, un an après les inondations, ma famille et moi avons déménagé de Fribourg à Glis. Je ne parlais pas un mot d’allemand et je ne connaissais personne. Ce qui m’a aidé à m’installer dans ma terre d’adoption? La culture, clairement! À mon époque, il y avait pas ou peu de familles à la peau noire à Brigue-Glis. Bien sûr, ça vous fait sortir du lot."
©Blickwechsel
"Ai-je été confronté au racisme en Valais? Oui. Ai-je été victime du racisme dans le cadre de mes activités culturelles en Valais? Oui, même si je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où cela s’est produit. Jusqu’à récemment, j’avais même complètement refoulé (consciemment ou inconsciemment) une expérience qui m’était arrivée. C’est l’actuel rédacteur en chef du Walliser Bote, un bon ami à moi, par ailleurs guitariste émérite avec qui j’ai partagé des moments incroyables sur scène, qui a récemment fait renaître ce souvenir lors d’une interview. À cette époque, nous avions été autorisés à jouer avec notre groupe de funk «Spenza’s Overdub Orchestra» lors d’un événement public à Viège. Après deux morceaux, un invité ivre s’est plaint de la musique et m’a invectivé – j’étais le chanteur du groupe: «Arrête avec ce jazz de n***re! Va te faire foutre, tu n’as rien à faire ici». Irrité, j’ai essayé de l’ignorer. The show must go on!
Dans le public, personne n’a réagi non plus. Aujourd’hui, je suis certain que je réagirais différemment, tout comme le public. Heureusement, je n’ai vécu que de très rares situations de ce type, mais elles n’en ont pas moins été douloureuses."
«Verpiss dich, Neger, du gehörst nicht hierher.» Das Fest lief auf Hochtouren, der Alkohol floss, die Stimmung stieg, die Promille im Hoch. Auf der Bühne stand William Bejedi (33), Rapper, Sänger, Perkussionist - und schwarz. Bejedi lächelte in Richtung des Mittvierzigers, sang und tanzte weiter, als ob er den Mann nicht verstanden hätte. Doch er hatte ihn verstanden - wie viele andere auch. Interveniert hat niemand. Die rassistischen Sprüche halten minutenlang durch das Festzelt. Erst als dem Besucher das Bier ausging und er die Bar aufsuchte, verstummten die fremdenfeindlichen Parolen. Die Szene ereignete sich vor rund 15 Jahren in Visp.»
©Blickwechsel
"Ai-je fait l’expérience du racisme dans le monde de la culture en Valais? Jamais. Pas une seule fois. Je parle de remarque offensante destinée à me blesser ou à m’offenser de la part d’une personne faisant partie du monde culturel. En tant qu’enfant, adolescent ou jeune adulte, pour moi, la culture en Valais est – et a toujours été – une zone de protection dans laquelle j’avais le droit d’être moi-même. Une sorte de famille. Y avait-il des préjugés ou des propos irréfléchis, voire inappropriés? Oui, il y en avait. Mais l’intention sous-jacente n’était pas mauvaise – du moins c’est comme cela que je le ressentais. C’était plutôt la stupidité, l’ignorance, le manque d’éducation et d’instruction ou un comportement maladroit. Autant d’attitudes que je pourrais affronter directement, ou brandir comme un miroir devant le visage de l’autre avec esprit et ironie. Plusieurs relations ont été renforcées par de telles situations. La culture a été mon soutien, ma passion, mon exutoire et elle a joué un rôle décisif dans la formation de mon identité. En tant que touche-à-tout – c’est de là que vient mon surnom de «caméléon», je suppose –, j’ai été accueilli à bras ouverts par les acteurs du paysage culturel valaisan."
©Blickwechsel
"J’ai trouvé ma place dans la danse et la musique et, au fil des ans, j’ai pu me constituer un vaste réseau, avec des amitiés et des rencontres magnifiques et empreintes de respect. Cela fait quinze ans que je ne vis plus en Valais. Mais partout où je vais, je porte en moi la culture de ma patrie et je la partage avec les gens que je rencontre. Même si je ne suis plus aussi présent que par le passé dans le monde culturel valaisan et que je ne contribue plus activement à le façonner, revenir en Valais pour participer à des projets culturels ou avoir le droit d’y collaborer représente quelque chose de spécial. La vie culturelle du canton a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Mentionner le nom de tous ceux qui y ont contribué dépasse le cadre de ce blog. Je vous adresse donc à toutes et à tous un tout grand «Vergältsgott» du fond du cœur!"
Artiste William Bejedi
cubique www.cubique.ch
Klischée www.klischeeofficial.com
Photos ©William Bejedi